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on ne sera point parvenu à la connaissance du troisième genre ; et une telle suite de
propositions, elle aussi, ne doit être pour nous que l'occasion de chercher comment
chacune d'elles est vraie en elle-même. Ce n'est pas seulement dans la définition de
Dieu qu'il faut voir Dieu, mais dans toutes les autres propositions.
L'âme humaine a une connaissance adéquate de l'essence éternelle et infinie de
Dieu. En effet, elle a des idées d'après lesquelles elle perçoit des choses particulières
comme existant en acte ; mais chaque chose particulière existant en Dieu et par Dieu,
en tant qu'il est considéré sous un certain attribut, l'idée de cette chose enferme
nécessairement le concept de cet attribut. Cette connaissance de la nature de Dieu,
étant réellement commune à toutes les idées de toutes choses, est comprise aussi dans
l'idée de notre corps, c'est-à-dire dans notre âme.. Pour parler autrement, dans notre
connaissance doivent être comprises les conditions sans lesquelles notre connaissance
ne serait pas possible ; il doit être possible de rendre compte de ce fait que nous
pensons ; car en fait nous pensons ; et, puisque notre pensée est réelle, elle contient
réellement en elle les conditions qui la font possible ; or rien ne peut être conçu sans
Alain (Émile Chartier) (1946), Spinoza 67
Dieu ; par le fait même que nous avons des idées, nous pensons donc implicitement
l'idée de Dieu dans chacune d'elles.
Mais il n'est point de modification du corps dont nous ne puissions former
quelque concept clair et distinct, puisque nous avons la connaissance adéquate de ce
qui est réellement commun à toutes les modifications du corps, comme est par
exemple l'étendue. Et, comme le sentiment n'est que l'idée d'une modification du
corps, tout sentiment doit enfermer quelque idée adéquate. Il suit de là que nous
pouvons toujours rapporter une émotion à l'idée de Dieu, condition de toute
connaissance adéquate ; et, en tant que l'âme a une telle connaissance et qu'elle en a
conscience, elle se réjouit, puisqu'elle contemple sa propre puissance d'agir. L'homme
peut donc faire que chacun de ses sentiments lui soit une occasion de se réjouir en
même temps qu'il pense à l'idée de Dieu, et cette joie accompagnée de l'idée de Dieu
est le véritable amour de Dieu. Cet amour ne peut manquer d'occuper l'âme bien plus
que tout autre sentiment, puisque toutes les modifications du corps peuvent être
l'occasion de l'éprouver. Il ne peut se changer en haine, puisque, en tant que nous
contemplons Dieu, nous agissons, et que, par suite, il ne peut exister de tristesse
accompagnée de l'idée de Dieu. Cet amour ne peut être souillé par la jalousie ; au
contraire, plus nous aimons Dieu, et plus nous désirons que les autres l'aiment aussi.
Aucune passion ne peut donc être contraire à cet amour de Dieu. Il dure tant que dure
notre corps, c'est-à-dire tant que les événements qui nous modifient nous donnent
l'occasion de penser aux essences éternelles et à l'idée de Dieu qui les comprend
toutes.
Mais notre connaissance de Dieu et notre amour de Dieu ne sont pas
nécessairement liés à l'existence de notre corps. Il y a en Dieu une idée qui exprime
en éternité l'essence de tel ou tel corps humain. Par suite, puisque l'âme humaine est
l'idée de tel ou tel corps humain, l'âme humaine est en Dieu en éternité. L'âme
humaine ne peut donc pas être détruite absolument avec le corps ; lorsque le corps est
détruit, l'âme cesse d'exister dans la durée, mais son essence n'en est pas moins
éternelle en Dieu. Et, sans doute, nous ne pouvons pas nous souvenir que nous avons
existé avant notre corps, puisque aucun vestige de cette existence ne peut être donné
dans notre corps, et que l'éternité ne peut avoir aucune relation à aucun temps, ni par
suite au passé. Et pourtant nous sentons que nous sommes éternels ; car notre âme ne
sent pas moins les choses qu'elle conçoit par la Raison que celles qu'elle garde dans sa
mémoire ; et les démonstrations sont les yeux par lesquels l'âme voit ces choses. C'est
pourquoi nous sentons que notre âme, en tant qu'elle enferme en éternité l'essence de
son corps, en tant qu'elle est la vérité de son corps, est éternelle, éternelle comme
toute essence, éternelle comme toute vérité ; car le vrai n'a pas commencé, et ne peut
finir, et ne peut durer : il est.
Alain (Émile Chartier) (1946), Spinoza 68
Or, c'est par la connaissance du troisième genre que nous savons que nous
sommes en Dieu et que nous sommes éternels. Tant que nous connaissons par la
raison toutes choses comme éternelles, nous connaissons Dieu comme hors de nous ;
et c'est pourquoi il nous semble que, si les choses connues sont éternelles, du moins la
connaissance que nous avons de ces choses a commencé et finira. Mais lorsque nous
réfléchissons sur l'idée vraie donnée, et que nous cherchons, non plus comment elle
est vraie par les autres et avec les autres en Dieu, mais comment elle est vraie en
nous, alors nous voyons clairement que ce n'est pas par une autre pensée que la
pensée divine que nous pouvons penser le vrai. Par la réflexion, nous savons que Dieu
est en nous, ou plutôt que nous sommes en lui, et que notre pensée est sa pensée. C'est
pourquoi la connaissance du troisième genre produit en nous une joie accompagnée
de l'idée de Dieu comme cause. Et cet amour de Dieu, qui résulte de la connaissance
du troisième genre, est éternel ; car l'âme ne conçoit pas que la connaissance qu'elle a
de son union avec Dieu puisse jamais cesser d'être vraie. Cet amour de Dieu n'est
donc pas lié à la durée de notre corps ; c'est pourquoi nous l'appelons amour
intellectuel de Dieu. Et nous appelons béatitude la joie qui constitue cet amour-là. On
voit que notre salut et notre béatitude sont dans cet amour éternel de Dieu. Quand
nous avons compris que l'essence de notre âme consiste dans la seule connaissance,
dont Dieu est le principe et le soutien, alors nous voyons clairement comment notre
âme dépend continuellement de Dieu. Et l'on voit bien ici combien la connaissance
intuitive des choses particulières ou connaissance du troisième genre est supérieure à
la connaissance universelle, c'est-à-dire à la Raison. Car nous avons démontré
antérieurement que tout, et par conséquent notre âme aussi, dépend de Dieu selon
l'existence et selon l'essence ; mais cette démonstration universelle, si solide qu'elle [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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