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un peu pour tirer profit de ses observations.
 Peut-être... Quand partons-nous ?
 Demain, tôt.
 Où allons-nous ? »
Musashi me dévisagea et observa tout particulièrement mon
léger embonpoint.
« Vers le nord.
 Edo ?
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 Non. Tu es encore un peu jeune pour affronter Edo et son
Impératrice-Fille. Et des cinq sens, tu n as visiblement pas
beaucoup développé le toucher, ce à quoi il va nous falloir
remédier.
 Le toucher ?
 Les souillons, aussi jolies soient-elles, ne suffisent pas à
développer le toucher. Elles ne font qu écarter les cuisses quand
d autres font de leur sexe un véritable fourreau. »
Musashi sourit et se désintéressa de moi pour aller observer
les papillons de l été tout en grignotant du riz vinaigré enroulé
dans des algues.
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Mes adieux avec Naishi furent déchirants, si bien que
Musashi me proposa de remettre notre départ à plus tard, alors
que nous quittions le Palais des Saveurs.
« Non, non...
 Tu es sûr, jeune Mikédi ? »
J hésitai. Derrière moi il y avait Naishi et ses cuisses entre
lesquelles je me sentais si bien, comme dans un fourreau,
justement.
« Tu pourrais rester ici, avec Naishi, l épouser, lui faire des
enfants. Être heureux.
 Je dois aller à Edo...
 Pourquoi ?
 Vous le savez bien, maître...
 Je ne sais rien à ce sujet, rien qui puisse t aider à faire le
bon choix. Mais je peux te laisser quelques jours pour réfléchir
et...
 Non... Partons. »
Je savais que si je restais quelques jours de plus, je risquais
de ne plus jamais pouvoir partir. J avais réussi à laisser Naishi
derrière moi une fois et je ne voulais aucunement revivre ça.
En observant le visage de Musashi, ses yeux de pierre
volcanique polie, je ressentis sa désapprobation quant à mon
attitude et quant à ma décision. Il pensait que j avais fait le
mauvais choix, car entre le bonheur et le mirage du pouvoir,
j avais choisi le pouvoir quand il n est encore que le vacillement
d une image posée sur l horizon. Musashi avait raison, j aurais
dû passer quelques jours de plus avec Naishi, ces jours qui
auraient probablement fait d elle la mère de mes enfants.
Maintenant, alors que j écris ces mots, je me rends compte que
ma vie aurait été tout autre, meilleure sans doute, mais à
quatorze ans personne n est capable de faire un tel choix,
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surtout quand on vous promet de devenir l époux de
l Impératrice-Fille.
Nous marchâmes vers le nord durant des mois. Nous
dépassâmes Okagawa pour contourner par l ouest le lac Biwa où
nous passâmes l hiver à couper du bois de chauffage et à réparer
des toits ayant cédé sous le poids de la neige.
Quand les premières fleurs percèrent le linceul blanc de
l hiver finissant, y piquant toutes les couleurs du monde, nous
reprîmes la route, celle de Fukui, Kanazawa, Takaoka, Toyama,
laissant le mont Fuji sur notre droite, puis derrière nous. Enfin,
nous arrivâmes dans les faubourgs de Niigata, où nous prîmes la
route de l est, pour passer de la côte occidentale du Poisson-
Chat Honshu à sa côte orientale.
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5
Un matin, alors que le soleil était levé depuis deux heures et
que nous marchions sur la grande route de Koriyama, un toit à
quatre pans surgit de la brume sur notre droite. Comme
accroché au ciel, il était décoré de silhouettes féminines peintes
en blanc, dont les bras rejetés en arrière soutenaient des
gouttières sculptées figurant une armée de serpents enflammés.
Toutes ces statues avaient les seins nus et les tétins dressés avec
exagération, ce qui ne manqua pas de m intriguer.
Peu à peu, sous ce toit, une construction gigantesque écarta
les bancs de brume. Elle prit forme comme un bateau
progressant sur la rotondité du monde et dont on devine un
détail supplémentaire à chaque instant. Il s agissait d une
pagode à sept étages. Mais elle ne ressemblait aucunement à un
édifice religieux  pas de gong à l entrée, pas de moine en robe
écarlate, jaune ou orange. Aucune statue du Genji à cheval, de
l Empereur-Dragon ou du Bouddha.
Je m arrêtai pour observer cette pagode et profiter du
spectacle de son apparition progressive quand Musashi
m annonça que nous étions arrivés.
« Où ?
 À la Pagode du Plaisir. »
Nous nous engageâmes sur un sentier bordé d arbres
couverts de bourgeons, approchant trop lentement à mon goût
de cette construction gigantesque qui me semblait aussi grande
que la forteresse de mon père. Dans les jardins attenants,
baignés de soleil printanier, des dizaines de jeunes filles plus ou
moins vêtues nous souhaitèrent une bonne journée en pouffant.
Certaines nous aguichèrent, d autres hélèrent Musashi et lui
proposèrent leur couche, un massage ou un bon bain. Ici aussi,
tout comme au Palais des Saveurs, mon maître était connu et
reconnu.
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Au premier et au second étage du bâtiment des fenêtres
coulissèrent et d autres jeunes filles apparurent dans les cadres.
Certaines, enroulées dans une serviette, nous souhaitèrent la
bienvenue.
« Allons-nous rester longtemps ici ?
 Nous ? Non. Mais toi tu vas rester une ou deux années
durant lesquelles il te faudra progresser d étage en étage. Au
premier se trouvent le vestiaire, les bains, la caisse et les filles de
la campagne, celles dont l amour n est pas le métier.
Maladroites, souvent venues de contrées sinistrées, parfois
incapables de parler ta langue, elles ne te seront d aucun plaisir
ou presque. Leur rôle se limite souvent au soulagement
empressé des hommes désespérés par leur solitude. Au second
étage, tu trouveras les filles de la ville, à peine plus douées que
les précédentes, mais plus propres, mieux éduquées. Aux
troisième et quatrième vivent les professionnelles. Elles ont de
l expérience et souvent l âge ainsi que les tares qui vont avec
cette expérience. Dans leurs bras tu apprendras à toucher le
fond de la vie plus que dans tout autre. Mais tu devras aussi te
méfier, et refuser de coucher avec celles dont la peau ou le sexe
est ulcéré. Les cinquième et sixième étages sont réservés aux
geishas déflorées qui chantent, jouent du koto32, connaissent la
plupart des arts et quelques-uns des secrets les plus délicieux de
l amour physique : elles te prendront dans leur bouche ou entre
leurs fesses et tu manqueras de défaillir. Le septième étage, but
de ton apprentissage de la chair, est le domaine de Dame Nô. [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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